DU COTE DE LA RUE DES SAULES

DU COTE DE LA RUE DES SAULES

Qui sait ce qu’elle est devenue

La blonde passante entrevue

Du côté de la rue des Saules

Qui un soir de trop gros chagrin

S’est arrêtée pleurer un brin

En s’appuyant sur mon épaule.

Je me trouvais là par hasard,

Le destin souvent est bizarre

Qui tire le signal d’alarme.

Elle avait des peines d’amour,

J’avais une veste de velours,

Mon velours étancha ses larmes.

 

Quand ses yeux furent apaisés,

Elle m’a souri, ce fut aisé,

Elle avait un visage d’ange.

Et moi, en bon Samaritain,

Je lui dis (mais fut-ce opportun ?) :

« ça ne sera rien tout s’arrange ».

Je lui tenais le bout des doigts

Pourquoi la lâchai-je ? Je crois

Qu’elle-même s’en trouva déçue.

Alors, elle murmura « Merci »

Puis, me laissant à mes soucis,

Partit comme elle était venue.

A peine fut-elle envolée

Que dans ma tête une volée

De cloches sonna la révolte.

Avais-je donc pu négliger

L’assistance à cœur en danger

D’une façon si désinvolte ?

Notre encontre avait duré

-Le poète l’eut susurré-

Bien moins que les roses ne durent.

Quelques larmes sur mon veston,

Quelques paroles en demi-ton,

C’est bien peu pour une aventure.

 

C’est bien peu et pourtant c’est trop

Car, depuis cet instant, ça trot-

-Te,trotte, trotte dans ma tête.

Un mot de plus aurait permis

Que nous devenions des amis

Pour mauvais jours et jours de fête.

Et peut-être deux mots, qui sait ?

-Les mots qu’on dit pour caresser

Un visage au creux d’une épaule-

Auraient suffi pour mettre à jour

Ma plus belle chanson d’amour

Du côté de la rue des Saules.