Je suis de nulle part


Paroles et musique André COULON

JE SUIS DE NULLE PART

Je suis de nulle part

Je suis donc bien partout

Aux confins du Hoggar

Ou à Pleumer-bodou

J’ai pas connu l’Islande

J’ai pas vu Tombouctou

Mais le sable des landes

Est infiniment doux.

Alors qu’importe

La morgue du bourgeois

Rotant dans la flanelle

Et peu m’importe

Le bigot déniaisé

Expiant sous la dentelle

L’enfant traqué

Sur son chemin de pierre du logis à l’école

En liberté

A essayé sans cesse de jouer le bon rôle.

2

Sitôt sur le chemin

J’ai marché tête haute

Mes rêves de gamin

Marqués du bruit des bottes

Tout en cherchant fortune

Sur le chemin des gens

C’est un rayon de lune

Qui a mûri l’enfant.

Alors qu’importe

Le discours suffisant des imbéciles heureux

Et peu m’importent

Les chefs redondants assénant leurs « je veux »

L’enfant posé

Dans un rôle d’adulte arrivé impromptu

En liberté

A peut-être essayé mais sans doute jamais pu.

 

Dans la cour des écoles

J’ai appris à peu dire

J’ai regardé Eole

Qui m’aidait à m’enfuir

J’essayais de comprendre

En ayant l’air à l’aise

Pourquoi tous ces cassandres

Montraient la Polonaise.

Alors qu’importe

Le sourire enjôleur de l’épicière faux-cul

Et peu m’importe

La boulangère mégère attendant qu’on n’ ait plus

De blé troqué

Chez le meunier du bourg

Pour faire de la farine

En liberté

J’ai braconné, pêché, j’ai pas crié famine.

 

3

Mécontent de mon sort

J’ai pas trouvé le port

Accumulant les mots

Comme fait le ruisseau

Sur la route du vent

Mes amis mes enfants

Me font des galets d’or

Je les compte et m’endors.

Alors qu’importe

L’honneur de la patrie la joie du citoyen

Et peu m’importe

De naviguer vengeur au milieu des requins

L’homme blasé

Par les errances tristes de ses joies écorchées

En liberté

A nourri ses silences de vos vies métissées.

 

Enfin devenu grand

Je suis devenu con

J’ai cru laver plus blanc

Faire tourner plus rond

J’ai brassé mes chimères

Chanté mes illusions

Mais apporter sa pierre

N’était que dérision.

Alors qu’importe

Le regard entendu des instruits officiels

Et peu m’importe

De rester confit né dans mon septième ciel

Tous les étés

Ont construit mes orages et fait mûrir mes blés

En liberté

Je crève comme un nuage sur mes rêves souillés.(bis)